Le chant des psaumes par Louis GROSLAMBERT

Cette année, les rendez-vous Racines et Chemins sont consacrés au chant dans les traditions religieuses. Pour parler du chant des psaumes dans la liturgie chrétienne au cours de l’histoire, il semble utile de présenter d’abord le texte des psaumes, et d’exprimer pourquoi au long de l’histoire, les communautés juives puis chrétiennes leur sont attachées.

  1. Le contenu général des psaumes : Pourquoi juifs et chrétiens sont attachés à ces textes :

La Bible a rassemblé 150 prières qui ont été polies par la piété du peuple affronté à des situations que nous ne revivons pas telles qu’elles : l’intronisation d’un roi (nous célébrons la Pâques par laquelle le Christ est fait Seigneur) ; le retour victorieux d’une bataille (nous prions après avoir maîtrisé une division ou un mauvais esprit) Mais les psaumes font écho à des situations communes : à toute période, on se demande pourquoi des méchants prospèrent tandis que des justes connaissent le malheur ; à toute période on admire la création et la loi d’amour. Ce recueil des 150 psaumes qu’on appelle « psautier » est intitulé en Hébreu « le livre des louanges », alors que plus de 50 % du texte est fait de supplication ; il faut comprendre que, lorsqu’on vit les évènements même douloureux en alliance avec Dieu, on fait la louange de Dieu, on dit sa place dans nos vies. Quand Jésus dit « mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné’ » il dit « mon Dieu », ce qui est déjà la louange.
Alors, juifs et chrétiens prient à partir de ce recueil, donc à partir de prières dont ils héritent. Je souligne cet aspect car certains disent que seules des prières qui sortent spontanément du cœur sont des prières sincères. A l’encontre de cela, je vais dire quatre idées. 1/ Les prières des gens d’autrefois sont toujours d’actualité, car l’homme reste l’homme ; qu’il soit nomade ou urbain, qu’il vive au 8ème siècle avant Jésus ou au 21ème, qu’il soit berger à la campagne ou ouvrier en ville, il est toujours un être qui connait des joies, des peines, des questions. Alors la prière des ainés juifs qui exposent à Dieu leurs joies, leurs peines, leurs questions au 8ème siècle avant Jésus convient aux gens d’aujourd’hui qui connaissent les mêmes joies, les mêmes peines, les mêmes questions… 2/ les psaumes sont dans la Bible ; ces prières que l’homme doit dire à Dieu, c’est la Parole de Dieu ; Dieu dit comment il convient de lui parler, ce qui relativise la prétention à être spontané 3/ dire la prière des autres, c’est avoir un lien de communion avec eux. Parmi tous ceux qui ont prié et prient les psaumes, il y a Jésus et nos contemporains. Donc si nous prions les psaumes, nous entrons en communion avec Jésus et avec nos contemporains… ce que la spontanéité ne fait pas forcément. 4/ Si je prie à partir de la prière des autres je grandis en tant qu’être de relation. Si je prie sans les psaumes, le jour où je suis dans la joie, je risque d’être peu soucieux de ceux qui sont dans la tristesse ; et inversement. Si je prie avec les psaumes, le jour où je suis dans la joie, je peux prier un psaume qui exprime de la douleur, de manière à être en communion avec ceux qui sont dans la douleur.
Prier avec les psaumes, c’est se situer comme membres du grand Corps du Christ, unis à tous les autres membres. Si je prie avec les psaumes, je suis conduit à me rappeler que je ne connais pas mon « je » à partir de mon état d’âme du moment (ce qui est le réflexe de la démarche de sincérité), mais que je le connais à condition de me mettre en lien avec les autres.
J’ajoute que les chrétiens se sont attachés aux psaumes, parce les psaumes fournissent le portrait le plus fidèle du Christ. Le psautier est le livre de l’AT le plus cité dans le NT, le plus prophétique du Christ ; en effet beaucoup de psaumes parlent de la souffrance du Juste… qui est à nos yeux le Christ. Qui est celui « qui ne va pas au conseil des méchants » (Ps 1) ? Qui est celui qui dit « c’est ta face que je cherche » (Ps 27 26) Qui dit « je m’appuie sur toi, épargne moi la honte » ( ps 24,20)… Beaucoup, mais au premier chef le Christ ! C’est pourquoi st Jérôme (+ 420) disait « celui qui ignore les psaumes ignore le Christ » ? Ecoutons un extrait du psaume 130 ! des profondeurs je crie vers toi»

♬ Ps 130 (129) De profundis – La voix des monastères disque 1 plage 3 (antienne d’offertoire)  1’34

Nous venons d’entendre « Des profondeurs je crie vers toi ». Le « je » qui crie sa détresse, cela peut être le peuple juif en Egypte, en déportation… cela peut être le Christ souffrant de n’être pas reçu par les siens… cela peut être les malades, les gens méprisés d’aujourd’hui. Donc je peux dire « je crie » même si je ne suis pas dans la détresse parce que mon « je » est d’être en lien de communion avec tous ceux qui sont dans la détresse.

  1. Pourquoi ces textes sont normalement chantés

Après avoir parlé du contenu et de l’intérêt de prier avec les psaumes, je m’approche de leur mise en musique.

A/ – Ce sont des poèmes, avec des rythmes, des parallélismes, des redondances… Puisqu’il s’agit de poèmes, ils doivent être énoncés autrement qu’un raisonnement de st Paul ! Il leur faut un support un peu lyrique… C’est pourquoi, les Bibles donnent, pour la majorité de ces prières, une indication musicale qui constitue le 1er verset du psaume. Par ex : « du chef de chœur ; du recueil d’Asaph, sur l’air de… à mi-voix (58) » Donc les psaumes étaient chantés et accompagnés par un instrument à cordes pincées (la lyre à 10 cordes, la harpe, un murmure de cithare – Ps 91 (92),4.
Le psaume 68(69), 26 indique « Dieu, on a vu ton cortège… en tête la chantres, les musiciens derrière, parmi les jeunes filles frappant le tambourin ».
B/ A l’époque des apôtres, un certain nombre de communautés comportent des chrétiens d’origine juive qui connaissent par cœur les psaumes. Paul encourage l’usage chanté des psaumes : « Chantez le Seigneur avec des psaumes, des hymnes et des chants inspirés ». (Eph 5,19 ; Col 3,16) Au temps de Paul, tous ne savaient pas lire mais un certain nombre de psaumes étaient connus par cœur, comme nous connaissons par cœur quelques prières.
C/ Dans les 1ers siècles, st Augustin au 4ème siècle dit en confidence comment il ressent le chant des psaumes : « Mon esprit est plus ardemment touché par ces saintes paroles lorsqu’elles sont chantées que si elles ne l’étaient pas (Confessions chapitre 33) Devenu évêque, st Augustin a fait de multiples homélies sur les psaumes, et ses collègues évêques faisaient de même.
Mais on ne s’en tient pas aux psaumes connus par cœur. Dans les assemblées chrétiennes des premiers siècles, ceux qui savent lire vont cantiller sur une estrade – un degré, gradus ; c’est pourquoi le psaume de la messe s’appelait le psaume graduel, chanté sur un degré. Et la cantillation des psaumes par les chantres s’interrompt pour que l’assemblée chante une antienne après chaque strophe. Ainsi St Jean Chrysostome (344-407) encourage à retenir la fameuse antienne, car, dit-il, « le refrain vous servira comme bâton pour marcher toute la semaine » (on voit que le chant aide la mémorisation… l’antienne peut vous trotter dans la tête, et vous accompagner)

Jusqu’au 16ème siècle, le chant des psaumes a épousé les manières de chanter des peuples. Nous n’avons pas d’enregistrement ; nous pouvons imaginer que la cantillation qui perdure au Moyen Orient chez les Coptes et les Syriaques… et chez les juifs (et peut être aussi la cantillation du Coran) conserve des procédés musicaux des tout premiers siècles.
Les recueils indiquent qu’à la messe, on chante des psaumes à 4 moments : à l’introït (mot qui signifie « il entre »), après la lecture de l’Ancien Testament, lors de l’offrande du pain et du vin et à la communion. Voici l’introït de Noël dans le recueil grégorien

♬ Le ps 2 inclus dans l’introït de Noël « Dominus dixit ad me »     (in Anthologie grégorienne; plage 3    2’07)  Le Seigneur m’a dit « tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré » : voilà un psaume qui dit qui est Jésus (c’est pourquoi Luc 24,44 affirme que Jésus explique ce qui le concerne dans la Loi, les prophètes et les psaumes)

  1. Le chant des psaumes dans les assemblées de tradition protestante 

3.1 le désir des Réformateurs : Jusqu’à l’imprimerie, dans les églises, on chantait en latin, et chantaient ceux qui savaient lire. Or, parce que le chant favorise la mémoire, et que la foi s’imprime dans le cœur de ceux qui chantent les mots de la foi, et parce que le chant crée une communion des personnes autant que des voix, les réformateurs ont voulu faire chanter les fidèles (et créer des écoles pour leur apprendre à lire). Pour atteindre ce but, il fallait un outil… ils ont trouvé l’outil qui a marché : le chant des psaumes … pratiqué et au culte et à la maison.

3.2 En zone germanophone, Luther a composé des chants inspirés de la Bible, mais pas délibérément issus des psaumes. Mais en zone francophone, a été façonné le Psautier de Genève (la patrie de Calvin) qui fut appelé le psautier Huguenot quand la Réforme a gagné d’autres régions francophones.

Le psautier huguenot est un moment capital de la Réforme en France sous l’aspect religieux, littéraire et musical. Et son influence a passé les frontières : On connaît plus de 1500 versions du psautier Huguenot éditées à l’étranger.
Ce psautier est le fruit d’un travail littéraire auquel se sont attelé Clément Marot (1495 -1544) qui produit des paraphrases rimées pour 49 psaumes, et Théodore de Bèze (1519-1605) qui en produit 101. Tous deux sont partis des poèmes bibliques ; mais ils n’ont pas pu en faire seulement une traduction, parce que, pour aboutir à des vers comportant le nombre de pieds requis, les rimes, ils n’ont pu faire que des paraphrases. Donc dans les recueils on lit « psaume 1, psaume 23 », mais si on compare le texte de la Bible et celui des paraphrases, on voit un décalage certain qui n’altère pas le sens, mais qui est exigé par la versification. Ex le psaume 23 (22)
– Version œcuménique : Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien / sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer
– Paraphrase de Marot : Dieu mon berger me conduit et me garde / J’entends sa voix et vers lui je regarde / Il me fait paître en de verts pâturages au long des eaux, sous la paix des ombrages / Et pour qu’en moi son amour s’accomplisse / Il me conduit aux sentiers de justice.
– Version œcuménique : Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ton bâton me guide et me rassure.
– Paraphrase de Marot : Quand il faudra marcher dans la nuit sombre,/ quand de la mort je traverserai l’ombre,/ je n’aurai point de peur en ma détresse, /car tu te tiens auprès de moi sans cesse/ même au travers de la vallée obscure / C’est ton bâton, mon Dieu qui me rassure.
C’est magnifiquement beau. Mais sans être des fondamentalistes qui s’en tiennent au mot à mot, on peut dire que ce n’est pas le texte de la bible… Pour une raison très pratique, il fallait non seulement le nombre de pieds… mais aussi amputer le texte original, car des psaumes qui ont 80 voire 176 versets ne peuvent être chantés dans un office où on doit se contenter de 4 ou 5 strophes.  (Ce n’est pas le texte de la Bible… mais c’est sûrement la Parole de Dieu, parce que, de même que Dieu a associé des hommes à l’énoncé des textes bibliques, de même il a associé Clément Marot et tous les autres commentateurs à l’énoncé de sa parole.
Les textes du psautier français ont évolué au cours des rééditions, notamment pour rajeunir des tournures devenues archaïques. La reformulation la plus récente est l’œuvre de la commission d’hymnologie de la Fédération protestante de France autour de M. Chapal (1970)

Après avoir parlé des littéraires, j’en viens aux musiciens. Mais, avant de parler des musiciens qui ont servi les textes des paraphrases de Clément Marot et consorts, et qui avaient pour objectif de mettre les psaumes à la disposition des fidèles sans éducation musicale particulière, écoutons la musique du ps 51 par un musicien catholique qui n’avait pas la préoccupation de favoriser le chant de tous : c’est le miserere d’Allegri ; il superpose 9 voix (1582 – 17 février 1652)

♬ Miserere à 9 (Gregorio Allegri)(in la voix des cathédrales disque I plage 2 (voir si on doit interrompre !)

Ecoutons maintenant le même psaume 51 pris dans le psautier Huguenot : nous allons comprendre que la musique est marquée par le souci de faire chanter les fidèles. . (La musique à plusieurs voix avec accompagnement instrumental était explicitement interdite par Calvin).

♬ Pitié pour moi (Marot – Genève) (in Psautier français plage 24)                       2’2

Nombreux sont les musiciens qui ont pris en charge le travail des littéraires ; citons Loys Bourgeois (1510-1561) qui, ami de Calvin, a créé 85 mélodies ; Claude Goudimel (1520-1572) qui travaille à Paris, à Metz, à Besançon et à Lyon ; Claude le Jeune (1533-1600) qui a écrit 500 musiques sur des psaumes. Leur mission était au départ, d’écrire des mélodies qui permettent d’énoncer le texte par syllabes de longueur égale, en n’utilisant que deux valeurs qu’on nommerait aujourd’hui la noire et la blanche (les brèves et les longues ; ex Peuple où s’avance le Seigneur ; ou Nous chanterons pour toi Seigneur), et qui sont prévues pour être chantées à l’unisson. En n’écrivant que des unissons, en limitant leur virtuosité d’écriture avec un esprit ascétique incroyable, ces compositeurs nous donnent une fameuse leçon d’humilité.
La diffusion a été rapide, grâce à l’imprimerie : dans la seule année 1562, 30 000 exemplaires ont été mis en vente.
Mais ça leur démangeait des doigts de faire de la polyphonie à 4 voix (prévue seulement pour le chant en réunions privées), et même jusqu’à 8 voix avec des contrepoints ornés destinés, selon l’expression de Claude Goudimel, à « s’esjouir es maison » ; donc après avoir écrit des mélodies à l’unisson chantables par les assemblées, ils se sont mis à écrire des compositions très savantes.
Et c’est là qu’on passe de la musique liturgique à la musique sacrée, la musique liturgique étant celle que les assemblées sans formation musicale peuvent faire dans les églises, la musique sacrée bâtie sur les mêmes textes liturgiques demandant des chanteurs très exercés, capables de faire de la polyphonie et de concerter avec des instruments… pour « s’esjouir es maison ». Depuis le 16ème s des compositeurs innombrables se sont emparés de psaumes pour faire des grandes pièces : Vivaldi, Telemann, Haendel, Bach, Dumont, Delalande ; et sans oublier la « symphonie Réformation » de Felix Mendelssohn (qui reprend le thème de « C’est un rempart que notre Dieu » « Ein feste Burg ist unser Herr) ; le « psaume 47 » de Florent Schmitt ou « la symphonie des psaumes » de Stravinski.

  1. Le chant des psaumes dans les assemblées catholiques

Dans le monde catholique on a utilisé le texte latin de la Vulgate (avec la numérotation que la Vulgate avait héritée de la traduction des Septante) et on utilise actuellement le texte français dans la traduction liturgique œcuménique. Donc on ne pratique pas la paraphrase qui éloigne du texte, mais on s’éloigne du psaume d’origine par le fait qu’on ne chante le texte intégral quand il s’agit d’un psaume court. Exemples de psaumes courts (23(22) ; 130(129) et évidemment 117(116) et, dans les plus longs, on choisit les versets les plus adaptés à la fête ou à la lecture qui précède. Ainsi le 4ème dim de l’année B on chante le psaume 89(88) les versets 2,3,4,5,27,29

A la messe :    Un psaume est cité à toutes les messes sur 3 ou 4 strophes : après la lecture où Dieu parle à son peuple, le peuple répond à Dieu en chantant le psaume (il ne peut pas y avoir de meilleure réponse à la parole de Dieu qu’un psaume qui est Parole de Dieu. Dieu a la délicatesse de nous donner les mots par lesquels il aime que nous lui répondions). Donc, au cours des 3 années liturgiques, le dimanche, on cite 81 psaumes soit en entier, soit des versets choisis
De quelles manières sont réalisés ces psaumes. La plus souvent un psalmiste chante les strophes et l’assemblée intercale une antienne entre les strophes. Parfois, quand toute l’assemblée dispose du texte, on invite l’assemblée à chanter le psaume : soit elle le chante intégralement, soit elle le dialogue entre elle et le psalmiste, soit elle le dialogue entre deux parties de l’assemblée (ceci est la pratique des moines..
♬ Le livre des louanges plage 6 (psaume 46 (47)

A la messe, on chante le psaume après la lecture, mais il est bien de chanter des psaumes à l’entrée et à la communion

Les psaumes sont utilisés – chez les catholiques, mais pas seulement !- dans ce qui s’appelle la liturgie des Heures, issue de la pratique des moines. Les moines se sont donné comme règle de prier toutes les 3 heures – soit 7 fois par jour : Office des lectures, laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies. Chaque office comporte en moyenne 3 psaumes (ce qui fait chanter au bas mot 21 psaumes par jour) Les psaumes alternent avec des lectures bibliques.
Mais ce projet de sanctifier les grands moments de la journée, s’il est rempli par les moines, ne peut pas être rempli par les religieux actifs et les laïcs qui n’ont pas la même disponibilité ; ceux –ci disposent d’un livre appelé Prière du Temps présent qui, du programme des moines en 7 offices, ne garde qu’un office du matin (laudes) avec 3 psaumes et un cantique biblique ; un office du milieu du jour (avec 3 psaumes), un office du soir (vêpres) avec 2 psaumes et 2 cantiques bibliques ; et les complies avec 1 ou 2 psaumes courts au total 11 ou 12 psaumes par jour. Ecoutons des moines

♬ Psaume 5 « Ecoute mes paroles Seigneur » Dumas intégral, office de Tamié (in Dossier de                         presse ADF-Bayard plage 7

Le souci de ceux qui composent les musiques pour le chant liturgique, et le souci de ceux qui chantent les psaumes (qui psalmodient) est de donner la priorité au texte sur la musique. Ecoutons

♬ Le livre des louanges 13  (ps 99)

Dans la présentation de la Liturgie des Heures, on lit qu’avec les psaumes, l’Epouse parle à l’Epoux (l’Eglise parle au Christ). J’espère vous avoir transmis le désir de connaître les psaumes – donc de connaître mieux le Christ, de prier avec les psaumes, et de les chanter… d’être la voix de l’Epouse qui parle à l’Epoux.
Enfin, puisque nous sommes en temps de pandémie, je vous exprime mes souhaits de bonne santé en vous citant le psaume 90 (91) qui fait allusion aussi à une maladie contagieuse « Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi ». Je vous transmets cette promesse et vous dis merci de votre attention.

Laudate Dominum Mozart Voix céleste 1

Parmi les questions échangées

1. Qui fixe le nombre de psaumes par office ? Les communautés monastiques ont leur répartition propre… Ceux qui se servent de « Liturgie des Heures » reçoivent une répartition … mais ont le droit d’adapter. Moi, j’aime dire le même psaume, en décidant d’abord qu’il est la prière des gens de l’Ancien Testament ; puis une seconde fois en décidant qu’il est la prière du Christ Jésus ; puis une troisième fois en décidant qu’il est la prière de telle portion de l’Eglise ou de l’humanité.

  1. Selon quels critères des psaumes sont attribués à chaque office ?
    – les psaumes du matin (laudes) sont majoritairement des psaumes de louange (le Christ, soleil levant, vient offrir sa Loi, sa présence, etc.
    – les psaumes du Milieu du jour sont souvent des psaumes liés à la difficulté (au milieu de la journée, on est dans l’effervescence de l’action qui n’est pas facile). De plus cet office remplace les 3 offices de tierce, sexte et none (dans les monastères) qui sont indexés sur les horaires indiqués par les évangélistes pour les moments de la passion :
    à la 3ème heure (tierce), Jésus est attaché au bois de la croix (Marc 15,25)
    à la 6ème heure (sexte), il se fait une grande obscurité (Marc 15,33)
    à la 9ème heure (none) Jésus pousse le cri (Matthieu 27,46)
    Les psaumes choisis pour l’office du milieu du jour sont indexés aussi sur les horaires des évènements des Actes des Apôtres :
    à la 3ème heure, : la réception de l’Esprit (Actes 2,15)
    à la 6ème heure, la vocation des Gentils – Corneille (Actes 10,9)
    à la 9ème heure, la guérison du paralysé (Actes 3,1)

– les psaumes de Vêpres ne semblent pas typés

  1. Les psaumes où l’on demande à Dieu d’exercer une violence.
    Trois psaumes sont exclus de « Liturgie des Heures » : 77 (78), 108 (109)
    Certains versets d’autres psaumes ont été omis par demande de Paul VI, considérant que l’on ne comprendrait pas qu’on demande à Dieu d’être violent (ex : ps 136 (137), versets 7 à 9
    Mais des moines disent : il y a de la violence en chacun de nous ; si nous ne l’exprimons pas, nous la refoulons… c’est très mauvais ; mieux vaut la dire à Dieu. Et mieux vaut dire à Dieu « fais moi justice en détruisant mes ennemis » que de se faire justice à soi-même.