Religions, politique et médias (Jean-Claude PETIT)

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Jean-Claude Petit

Religions, politique et médias

Compte-rendu rédigé par Marie-Christine Michau

Qu’ont donc en commun ces trois concepts ? Nous faire réfléchir à cette question a été le défi relevé par Jean-Claude Petit, un ancien directeur du journal La vie, invité à Belfort par l’association Racines et chemins – Bibliothèque des religions  le 12 mars 2015.

Il nous a montré comment ces trois entités étaient au service du bien commun et combien elles étaient utiles pour construire le « vivre ensemble » que nous appelons de nos vœux.

Plusieurs difficultés rendent aujourd’hui ce service du bien commun difficile : la mondialisation qui  s’accompagne d’une crise anthropologique liée à la domination de la finance ; la montée de l’individuation qui, depuis que les rêves collectifs se sont évanouis, laisse croire que l’on peut se sauver seul. Chacun reste devant son écran, affirmant une volonté d’autonomie totale. La vie politique en est affectée. Le citoyen devient un consommateur, les cultures du déchet et de l’indifférence gagnent du terrain.

Les religions et les philosophies, pourvoyeuses de sens, doivent nourrir un projet qui nous permette de vivre ensemble. Or elles ne sont plus crédibles car l’individu prétend trouver seul le sens. Elles se replient derrière leurs doctrines et sont prisonnières d’extrémismes qui les instrumentalisent. L’intégrisme religieux est d’abord politique : les dictatures sud américaines ont soutenu les lefèvristes, Yitzhak Rabin a été assassiné par des extrémistes juifs, les régimes au pouvoir en Iran et en Arabie saoudite soutiennent les guerres au Proche-Orient.

Les journalistes ont pour tâche de nous informer, un droit reconnu par  la Déclaration des Droits de l’homme, un devoir aussi de notre part. L’information n’est pas une marchandise, mais un bien culturel. L’évolution des techniques de communication permet aux grandes sociétés capitalistiques de gagner de l’argent en fournissant des distractions et aussi de maîtriser les esprits. Le critère de l’audience, la prépondérance de l’émotion, la place des faits divers, nuisent à la réflexion et permettent le développement des extrémismes. D’autant plus facilement que la culture des journalistes est plus faible.

Invité dans un groupe de parole de personnes en responsabilité pastorale ou d’écriture dans les journaux paroissiaux ou régionaux de nos Eglises, JC Petit a exprimé le rôle déterminant qu’avaient joué pour lui La vie catholique et  Témoignage chrétien pendant la guerre d’Algérie. Il a présenté son travail de journaliste indépendant de la hiérarchie catholique, travaillant longuement son éditorial pour assumer sa responsabilité vis-à-vis de ses lecteurs.

Que pouvons-nous faire ? Face aux facilités du langage médiatique, il nous faut affirmer la complexité du monde, réfléchir et agir ensemble. Nous avons les moyens d’en savoir plus sur les conflits du Proche-Orient et la vie de ses habitants, de défendre l’enseignement des faits religieux dans la suite du rapport Debray de 2002. JC Petit a fondé le réseau Chrétiens de la Méditerranée (http://www.chretiensdelamediterranee.com/) qui se veut au service de l’information et la formation, du dialogue et des partenariats entre les chrétiens de l’espace méditerranéen. Il a aussi évoqué l’observatoire mondial des religions, Pharos (http://www.observatoirepharos.com) qui contribue à la lutte contre les nouvelles formes d’intolérance et de fanatisme. Il a rappelé le travail de conscientisation d’un certain nombre d’organismes (CCFD, Cimade, ATD-Quart Monde…) qu’il nous a invités à soutenir.

C’est un appel au citoyen pour qu’il demande au politique plus d’écoute, au religieux de ne pas s’effacer derrière sa doctrine, au journaliste de travailler avec eux pour créer le lien entre tous.

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