Chrétiens face à l’urgence écologique : du dialogue à la collaboration (Martin KOPP)

Jeudi 10 octobre 2019 à 20h 30 à la Maison du Peuple – Belfort

Chrétiens face à l’urgence écologique : du dialogue à la collaboration

par Martin KOPP

Présentation :

Les Églises ont engagé un dialogue sur la crise écologique dès les années 1970, et la COP21 a marqué un tournant dans leur engagement concret en France. La conférence présentera d’abord le consensus théologique qui a émergé quant à la création et la place de l’humain en son sein et face au défi écologique, puis l’initiative pratique du label oecuménique national « Église verte » et sa pédagogie. On découvrira que les chrétiens sont en mouvement mais sont aussi appelés à intensifier leurs actions.

Biographie :
Martin Kopp est docteur en théologie protestante de l’Université de Strasbourg. Il mène une activité de théologien écologique et dirige la campagne interreligieuse mondiale « Living the Change » sur les modes de vie bons pour le climat. Il préside la commission écologie – justice climatique de la Fédération protestante de France. Il fut chargé de plaidoyer pour la justice climatique de la Fédération Luthérienne Mondiale et participa, en particulier, à la COP21.

La conférence peut être ré-écoutée en cliquant sur le lien ci dessous:

 

La discussion suite à la conférence peut être ré-écoutée en cliquant sur le lien ci dessous:

 

Billet RCF par Marie-Christine MICHAU:

Quand la théologie rejoint l’écologie

Voici une question pour ce matin : l’écologie a-t-elle quelque chose à voir avec la théologie ? « Certainement », répond Martin Kopp. Ce docteur en théologie protestante de l’Université de Strasbourg est venu en octobre à Belfort, dans le cadre des conférences de Racines et chemins, pour nous parler des « chrétiens face à l’urgence écologique ». Il préside la commission écologie – justice climatique de la Fédération protestante de France, mais est aussi engagé au niveau international comme dirigeant de la campagne interreligieuse mondiale « Living the Change » sur les modes de vie bons pour le climat. Le sujet n’est pas nouveau pour les Eglises. Voici plus de 40 ans que, regroupant orthodoxes et protestants au niveau mondial, le Conseil œcuménique des Eglises attire notre attention sur la sauvegarde de la création. La liturgie orthodoxe met l’accent sur le Dieu créateur ; primat de l’Eglise orthodoxe, Bartholomée 1° est appelé « le patriarche vert » et défend la protection de l’environnement. Le pape François a publié en 2015 une encyclique sur le sujet (Laudato si) qui a eu du succès bien au-delà de l’Eglise.

Martin Kopp, parti faire un tour du monde au cours de ses études de théologie, a échappé de peu à une septicémie et à la malaria grâce au fait qu’il était un Européen avec des moyens financiers. Respirer l’air de New Delhi, c’est comme fumer 2 paquets de cigarettes par jour. Il a pris conscience de la nécessité d’un changement de mode de vie dans nos pays riches tournés vers la croissance et dont l’empreinte écologique ne cesse d’augmenter. La limite de la consommation annuelle souhaitable est atteinte pour la France le 14 mai. Le jour du grand dépassement mondial des ressources annuelles ne cesse de se rapprocher du début de l’année. En 40 ans, il est passé de fin octobre à fin juillet. Cette consommation annuelle correspond pour les pays à bas revenus à 60% du disponible et pour les pays à hauts revenus comme le nôtre à presque 4 planètes !

Martin Kopp a participé à la COP 21 qui a eu lieu à Paris en 2015 et abouti à un accord international sur le climat, applicable à tous les pays, validé par 195 pays et par l’Union européenne, fixant comme objectif une limitation du réchauffement mondial entre 1,5 °C et 2°C d’ici 2100. Malheureusement les Etats-Unis s’en sont depuis retirés sous l’autorité de Donald Trump jugeant le fardeau économique trop lourd ! Tout réchauffement supérieur à 2 °C nous expose pourtant à un possible « emballement » climatique, dont les conséquences seraient dramatiques, localement létales pour les écosystèmes et les êtres humains. La perte de biodiversité, les changements climatiques, la pollution ne sont que 3 des dangers que notre mode de vie fait courir à notre planète. Ce sont les plus connus. N’oublions pas pour autant la perte de terres cultivables et la raréfaction des ressources en eau.

La COP 21 a marqué un tournant dans l’engagement concret des Églises. Un consensus théologique a émergé quant à la création et la place de l’humain en son sein et face au défi écologique. Que signifie confesser un Dieu créateur ? Ne nous a-t-il pas donné une responsabilité de lieu-tenants, d’intendants ? La conversion écologique nous donne l’opportunité d’une vie en communion avec ce Dieu créateur. Mais il faut élargir le dialogue à plus de partenaires. Les convaincre qu’il faut différents types d’engagements, à la fois individuels, collectifs et politiques. Des engagements individuels comme partir en vacances près de chez soi, manger moins de viande, être moins actif… Des démarches politiques  permises par le vote, mais aussi la candidature ou l’interpellation des décideurs. Des engagements collectifs tels ceux que peuvent prendre les Eglises. Le label « Eglise verte » est attribué aux communautés chrétiennes qui s’engagent pour le soin de la création : paroisses, Églises locales et aussi œuvres, mouvements, monastères et établissements chrétiens. Un questionnaire permet, par un classement en plusieurs niveaux, de voir où en est la conscientisation de la communauté, son souci des bâtiments, de la biodiversité, du mode de vie de ses membres, son engagement citoyen local et global. Quelques communautés de la région ont obtenu le label comme l’Eglise évangélique mennonite de la Prairie à Montbéliard et le foyer des étudiants la Maîtrise à Besançon.

En guise de conclusion, laissons la parole à Martin Kopp : «Faire du plaidoyer, c’est facile. Changer une collectivité, ou une communauté, c’est déjà plus complexe et lent. Mais se changer soi-même, placer ses actes en cohérence avec sa foi, c’est le plus grand défi ».

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